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Les deux vies de Taro
un album de Jean-Pierre Kerloc'h
(Lu avec des CM en octobre 2005)
Les élèves ont lu l'album en quatre fois :
la première rencontre avec la tortue, lorsque Taro la sauve des mains des enfants
jusqu'au moment où il coule (les élèves ont émis des hypothèses sur la suite, mort ou pas mort ?)
sa vie sous la mer avec Otohimé et son retour sur terre jusqu'à "dans le village des morts je crois" (ils ont de nouveau émis des hypothèses sur la fin)
la fin : l'errance de Taro et sa disparition
Quelques activités réalisées sur le conte :
Un travail sur un passage particulier : la rencontre entre Otohimé et Taro
Voici un extrait de ce que les élèves ont trouvé :
le mouvement | algues | longues et balancées par le courant |
la luminosité | clarté château dragons de corail |
resplendissante phosphorescent flamboyant |
la douceur | geste peau comme un rêve de caresse |
gracieux nacrée et douce |
Ensuite j'ai demandé aux élèves de réécrire ce passage en modifiant le texte : cette fois, il devrait rencontrer un être terriblement hideux...
Voici quelques productions d'élèves :
Jamais Taro n'avait vu de femme aussi hideusement moche. De la main, elle fit un geste ridicule en direction de Taro, l'invitant à entrer dans sa demeure. Sa chevelure emmêlée ondulait comme un bouquet de chewing-gum mâché sous la houle, sa peau fripée était râpeuse comme un cauchemar et ses yeux, fixés sur Taro, passaient par toutes les couleurs de la boue : du kaki au noir... A cette apparition terrible, le coeur du garçon se mit à battre la chamade et, dans l'instant même, il sut qu'il était pour toujours la proie d'Otohimé.
Jamais Taro n'avait vu de femme aussi hideuse et laide. De la main, elle fit un geste mou en direction de Taro, l'invitant à entrer dans sa demeure. Sa chevelure crasseuse pendait comme des algues mortes, sa peau ridée était rugueuse comme un cauchemar de serpents, et ses yeux, fixés sur Taro passaient par toutes les couleurs des fonds des eaux noires... A cette apparition tordue, le coeur de Taro se mit à battre la chamade et, dans l'instant même, il sut qu'il était pour toujours dégoûté d'Otohimé.
C'était l'occasion de travailler sur les adjectifs (et de les accorder correctement) en inventant un texte qui a bien fait rire les copains... Mais parfois, leurs adjectifs ou d'autres termes n'étaient pas bien choisis, des comparaisons ne convenaient pas, à force de faire dans l'horreur, ils en faisaient trop jusqu'à ne plus faire de sens... Ce que les copains ont remarqué à la lecture orale... C'était donc intéressant pour les discussions...
Beaucoup de choses se sont passées lors des discussions orales : débat sur la fin notamment.
Beaucoup d'élèves de CM 1 (les plus jeunes) n'ont pas aimé le conte à cause de la fin. Ils auraient aimé que Taro retrouve Otohimé. La mort de Taro les a ennuyés. Lorsqu'ils ont émis des hypothèses à deux pages de la fin, la grande majorité des élèves pensait que Taro allait repartir avec la tortue sous la mer, pour retourner vivre auprès d'Otohimé. Ils n'ont pas compris pourquoi il a ouvert le coffret... et ce que le coffret contenait...
Une discussion intéressante aussi sur les modes selon les époques : Taro revient chez lui trois cents ans après et ne reconnaît plus les habitations, s'étonne de la façon dont les gens sont habillés. Ce fut l'occasion d'une réflexion sur l'habitat : les matériaux de construction etc... l'habillement etc...
Une élève de CM 2 qui a beaucoup apprécié le conte a écrit sur son carnet de lecture : "Ce livre commence dans un rêve et se termine dans un cauchemar. J'aime les histoires qui se terminent mal."
la valeur des temps : passé simple et imparfait (narration/description)
On a essayé de différencier description et narration, tout en comprenant que l'un était étroitement imbriqué dans l'autre dans la plupart des cas :
1) Au bout d'un certain temps, la tortue montra sa tête, sortit ses pattes, et se dirigea maladroitement vers la mer. Alors, Taro la prit dans ses mains en creux et la porta jusqu'à l'eau, pour la confier à la douceur des vagues.
La tortue commença à nager, puis disparut sous les eaux.
Cest un texte descriptif ou narratif ?
2) Sa chevelure diaphane ondulait comme un bouquet d'anémones sous la houle, sa peau nacrée était douce comme un rêve de caresse, et ses yeux, fixés sur Taro, passaient par toutes les couleurs des eaux : du jade au saphir, de la turquoise à l'aigue-marine...
Cest un texte descriptif ou narratif ?
3) Narration et description sentremêlent dans les textes. Souligne en rouge ce qui relève de la description, en bleu de la narration :
Un petit nuage de vapeur mauve montait dans le ciel. La journée allait être claire. Taro se sentait heureux.
Dans son huroshiki, un baluchon fait d'un carré de tissu noué par les quatre coins, il avait déjà fait une jolie récolte de coquillages, nacrés et chatoyants comme des bijoux précieux.
Soudain, il entendit des cris et des rires.
.
Taro traversa les longues algues balancées par les courants et découvrit un château
phosphorescent, sculpté dans la nacre et le cristal. Deux dragons de corail flamboyant en
gardaient l'entrée.
Les élèves ont donc remarqué qu'on utilisait l'imparfait pour la description et le passé simple pour la narration. Les CM 2 (CM 1 de l'an dernier) ont tout de même rappelé que l'imparfait était aussi utilisé pour les actions qui se répétaient dans le passé (tous les matins, je prenais le car...). Ils n'avaient donc pas tout oublié...
Il était intéressant ensuite d'essayer d'employer ces deux
temps (CM 2 uniquement) : parfois on hésite entre les deux temps, les discussions sont
alors intéressantes.
Exemple :
Jai modifié le texte en le conjuguant au présent. Réécris-le en employant les temps du récit (passé simple et imparfait)
Pendant des jours, on le voit errer, les bras serrés contre sa poitrine, regardant de tous les côtés, comme un pauvre fou. Pris de pitié, les gens lui donnent parfois un peu de nourriture, lui offrent un abri pour la nuit. Mais, ils ne peuvent s'empêcher de rire en l'entendant raconter ses histoires sans queue ni tête.
Solitaire et désespéré, Taro Urashima quitte le village et cherche refuge au bord de la mer. Accablé de tristesse, il s'assoit sur le sable humide. Il sent un objet dur contre sa poitrine. Il se rappelle le coffret. L'espoir se réveille en lui. Taro soulève le couvercle. Une vapeur légère s'échappe.
Le coffret ne contient rien d'autre. Rien qu'un peu d'eau qui brille comme un miroir.
Transformer un texte en le mettant au présent
Première activité :
Pendant que les CM 2 transformaient un texte au
passé, les CM 1 faisaient l'inverse :
Recopie le texte au présent. Avant, souligne les verbes conjugués. Et relis bien ton texte quand tu las fini pour « écouter » les erreurs possibles...
L'eau frissonna. Mais non ce n'était pas lui, c'était son père. L'image d'eau sembla se rider davantage encore : le visage de son grand-père apparut, puis celui de son arrière-grand-pèrePas un seul élève de CM 1 n'a réussi à transformer entièrement ce texte, ils ont tous laissé le dernier verbe au passé simple...
Deuxième activité :
Un jour, il alla trop loin. Des tréfonds de l'Océan se leva la plus
terrible des tourmentes. Emporté au large, secoué, ballotté, soulevé par des lames
monstrueuses, faisant eau de toute part, le bateau de Taro se brisa, et s'abîma dans les
flots.
Seul, au milieu des vagues déchaînées, Taro nageait, luttait...
Les vagues l'aveuglaient, le fouettaient, l'engloutissaient puis le relançaient au loin
comme un pantin... Taro résista longtemps.
Identifier les substituts pronominaux
Pour les CM 1 : remplacer le pronom par le nom est plus facile, ils modifient la phrase et trouvent ainsi plus aisément le nom.
Recopie les phrases en remplaçant le pronom souligné par le nom quil remplace.
Le vieillard le conduisit jusqu'au
cimetière et s'arrêta devant une tombe.
Pendant des jours, on le vit errer, les bras serrés contre sa poitrine, regardant
de tous les côtés, comme un pauvre fou.
Taro regarda ses mains qui tremblaient : elles étaient maintenant sèches et
maigres comme celles d'un vieillard.
ne l'ouvre jamais non plus.
Ils se glissèrent sous les eaux.
Pour les CM 2 : recherche des pronoms et il n'est pas nécessaire de les remplacer dans la phrase.
Repère les pronoms : tu les soulignes puis tu les recopies en indiquant ce quils
remplacent.
Précise aussi si ce sont des pronoms sujets ou compléments. (Tu peux en trouver une
douzaine)