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Comment Wang-Fô fut sauvé
écrit par Marguerite Yourcenar
(Lu avec des CM 2 en décembre 2008)
Pour commencer, je leur ai donné à lire, à la maison, du début jusqu'à la décapitation de Ling.
Ensuite en classe, nous avons travaillé sur les personnages :
Situation initiale
Quels sont les deux personnages présentés au début de lhistoire ?
(noms et fonctions)
Où se passe cette histoire ?
Quelle est la particularité des tableaux de Wang-Fô ?
Pourquoi nest-il pas riche ?
Wang-Fô, un personnage qui admire toujours quelque chose
Dans une situation difficile... | Wang-Fô regarde et ... |
Ling souffre de la saleté de lauberge | . |
Quand les soldats viennent les arrêter | . |
Les soldats décapitent Ling | .
|
Il est écrit que Wang-Fô devait attacher le cheval qu'il peignait pour qu'il ne s'échappe pas du tableau... sur le même principe, je leur ai proposé ce que Wang-Fô aurait pu peindre afin qu'ils complètent... (mes propositions sont en caractères gras)
Quand il peignait un cerisier, les cerises tombaient de
l'arbre, il fallait les ramasser pour en faire de la confiture.
Quand il peignait une rivière, il fallait mettre un barrage sinon l'eau
coulait partout.
Quand il peignait des bijoux, il mettait des cadenas, sinon ils
s'envolaient dans les bras des voleurs.
Quand il peignait un cobra, il prenait son pinceau avec précaution pour
ne pas recevoir de venin.
Quand il peignait des oiseaux, il fallait mettre un filet pour ne pas
qu'ils s'échappent.
Quand il peignait un cobra, il fallait jouer de la flûte pour être sûr
qu'il ne pique personne.
Quand il peignait une rivière, elle coulait à l'envers. (magnifique référence au roman de Mourlevat...)
Quand il peignait un oiseau, il ouvrait la cage en douceur avec son
pinceau. (autre référence à un poème de Prévert)
S'il peignait des bijoux, ils brillaient tellement qu'il fallait mettre
des lunettes de soleil.
Lempereur de Chine
Comment lappelle-t-on ?
Quel âge a-t-il ?
Quel âge paraît-il ?
Cest un personnage tout en douceur, relève dans le texte des expressions qui
lindiquent.
Par contre, les décisions quil prend à lencontre de Wang-Fô sont très
cruelles. Explique.
Il na pas eu une jeunesse très heureuse. Explique pourquoi.
Pourquoi en veut-il à Wang-Fô ?
Cherche dans le texte et recopie la phrase qui signifie la même chose que :
Il donnait ses peintures à ceux qui les aimaient vraiment ou bien les échangeait contre un bol de nourriture.
et que : On a attaché mes mains qui ne tont jamais fait
de mal.
Dans la situation initiale, lauteur présente les personnages, elle utilise donc limparfait.
Conjugue les verbes à ce temps en faisant bien attention à laccord avec le sujet
Le vieux peintre Wang-Fô et son disciple Ling (vagabonder) le long des routes du royaume des Han.
Personne ne (peindre) mieux que Wang-Fô les montagnes sortant du brouillard. Quand il (peindre) un cheval, il (falloir) quil soit toujours attaché à un piquet sans quoi le cheval (séchapper) au grand galop. Les voleurs (ne pas oser) entrer chez les gens pour qui Wang-Fô avait peint un chien de garde.
Wang-Fô aurait dû être riche mais il (aimer) mieux donner que vendre. Il ne (chérir) que ses pinceaux.
Pour chaque verbe donné, trouve un sujet qui ne soit pas un pronom personnel (attention aux accords !) et termine la phrase en ajoutant des compléments circonstanciels ou en les complétant .
. étendaient leurs branches
. faisait frémir les pétales des fleurs
. glissaient dans le ciel
. sévaporait dans la lumière du
. surgissaient de la mer
. troublaient leau...
Voici quelques propositions des élèves :
Les étoiles glissaient dans le ciel de manière géométrique.
Les arbres étendaient leurs branches pour faire tomber leurs feuilles.
Les crabes surgissaient de la mer en claquant leurs pinces.
La demoiselle s'évaporait dans la lumière du bassin.
Les charmilles de mon jardin étendaient leurs branches quand la
lumière du soleil traversait les nuages. Les oiseaux glissaient
dans le ciel avec une légèreté incroyable. Le vent si doux faisait
frémir les pétales des fleurs de chez le voisin.
Les cerfs-volants glissaient dans le ciel comme des pétales de roses.
La trace de sang s'évaporait dans la lumière du ciel.
Il fallait toujours quil le montrât attaché à un piquet. / Il fallait toujours qu'il montrât le cheval attaché à un piquet.
Il les troquait contre un bol de nourriture.
Il lavait volé la veille pour le repas de son maître.
Soutenu par son disciple, Wang-Fô les suivit en trébuchant le long des routes inégales.
Pendant dix ans, je les ai regardées toutes les nuits. (cette
phrase permet d'évoquer l'accord du participe passé avec le COD placé devant
l'auxiliaire)
Deux gardes le saisirent.
Un bourreau le décapita dun coup de sabre.
LEmpereur fit un signe, et deux esclaves
essuyèrent les yeux de Wang-Fô.
-
Ecoute, vieux Wang-Fô, dit
lEmpereur, et sèche tes larmes, car ce nest pas le moment de pleurer. Je
possède dans ma collection de tes uvres une peinture admirable où les montagnes,
lestuaire dun fleuve et la mer se reflètent, infiniment rapetissés sans
doute, mais avec une intensité qui surpasse celle des objets eux-mêmes, comme les
figures qui se mirent sur les parois dune sphère. Mais cette peinture est
inachevée, Wang-Fô, et je veux que tu consacres les heures de lumière qui te restent à
terminer ton chef-duvre. Tel est mon projet, vieux Wang-Fô, et je peux te
forcer à laccomplir. Si tu refuses, avant ton supplice, je ferai brûler toutes tes
euvres, et tu seras comme un père qui a vu mourir avant lui toute sa postérité.
Sur un signe du petit doigt de lEmpereur, deux
esclaves apportèrent respectueusement la peinture inachevée où Wang-Fô avait tracé
limage de la mer et du ciel. Wang-Fô sécha ses larmes ; il sourit, car cette
petite esquisse lui rappelait sa jeunesse. Il choisit un des pinceaux que lui présenta un
serviteur et se mit à étendre sur la mer inachevée de larges coulées bleues.
Lesclave accroupi à ses pieds broyait les couleurs ; il sacquittait
assez mal de cette besogne, et, plus que jamais, Wang-Fô regretta son disciple Ling.
Textes des enfants :
4 élèves (qui ont de grosses difficultés à produire des textes cohérents) ont écrit la fin du conte ensemble, je les guidais beaucoup, mais la production finale est bien d'eux. Elle est courte mais cohérente. La voici :
Il dessina des montagnes et une rivière. Elle se jetait dans un fleuve qui se jetait lui-même dans la mer. Peu à peu des gouttes tombaient sur le sol du palais. Il peignit une barque au milieu de la mer. Des flaques grossissaient dans le palais. L'eau montait de toutes parts. Les gens commençaient à se noyer. Wang-Fô monta dans la barque et rama vers le fleuve. Il disparut derrière les montagnes.
Voici trois productions individuelles :
Wang-Fô commença son tableau, il dessina une montagne,
une rivière, un ciel et la mer mais il ne fit pas comme le cheval, il n'attacha pas la
mer et elle se mit à couler partout dans le palais.
- Mais voyons, Wang-Fô, la salle est inondée !
- C'est normal, je n'ai pas attaché mon tableau.
Il dessina une barque et s'enfuit et s'enfuit en laissant l'empereur et les deux gardes se
noyer.
Et comme il n'avait pas fini son tableau, il dessina un autre Ling et il continua à
se faire masser les pieds, le soir.
Wang-Fô se mit au travail tout de suite. Il commença à
peindre et il eut une idée géniale. Il allait peindre une eau bien claire avec une
magnifique barque bien solide et à l'intérieur un sabre énormément coupant. Comme ses
tableaux étaient réels, il y aurait de l'eau partout dans le palais et là tout le monde
se mettrait à nager et au passage, il les ferait souffrir comme ils avaient fait à Ling.
Il se faufilerait ensuite jusqu'à la sortie.
Il commença à peindre tout cel et tout d'un coup :
- Toc, toc, toc !!!
- Oui, entrez !
- Dépêchez-vous, il ne reste que deux heures de travail et vous n'avez même pas
commencé.
- Oui, oui, ne vous inquiétez pas, je me dépêche !
Une heure après, il avait fini, mais aucun garde n'arrivait. Une magnifique eau claire
sortit du tableau et là, une barque et dedans un magnifique sabre coupant. Il monta dans
la barque, prit le sabre et commença à avancer.
Et là, deux gardes arrivèrent et clic, une tête coupée, et clic, une autre tête
coupée. L'empereur se mit à crier :
- Gardes ! Gardes !
Mais aucun garde n'arriva. Wang-Fô lui coupa la tête. Il se faufila vers l'entrée et
sortit sain et sauf du palais noyé par sa peinture.
Wang-Fô se mit à peindre les vagues puis les montagnes. A un moment, il se
mit à peindre une rivière. La rivière se mit à déborder des deux côtés du tableau.
L'eau inondait toute la pièce. Wang-Fô peignit une barque avec des rames. L'empereur lui
dit :
- Pourquoi as-tu fait ça ?
Wang-Fô lui répondit :
- Parce que tu es méchant et sournois !
- Au secours, au secours, cria l'empereur, je vais me noyer !!!
Wang-Fô avait bon coeur, l'empereur était peut-être méchant et sournois mais Wang-Fô
alla le sauver.
- Wang-Fô, pourquoi es-tu venu me sauver ?
- Parce que j'ai bon coeur !!!
- Pour te remercier, je te laisse libre !
- Merci, merci empereur, merci !
Wang-Fô partit mais il lui manquait quelque chose. Wang-Fô savait très bien ce qui lui
manquait. C'était Ling.
Les élèves, majoritairement, n'ont pas aimé ce texte pour les
raisons suivantes : trop poétique, il n'y avait pas d'action, la fin qui vient trop
rapidement, une situation impossible (comment peut-on rentrer dans un tableau ?!!)...
Je leur ai dit que, moi, je l'aimais beaucoup pour les mêmes raisons et aussi
parce que c'est un texte très littéraire qui nous a permis de travailler le vocabulaire
(c'était très riche)... Par contre, ils ont aimé les activités faites à partir de ce conte, et particulièrement, l'écriture de la fin du texte. C'est donc positif, s'ils n'aiment pas, maintenant, ce genre de textes, au moins, ils apprécient de travailler dessus, c'est déjà ça ! Il faut dire que la lecture de "Wang-Fô" venait juste après celle de "La maison aux 52 portes" qu'ils avaient adoré ! C'est évidemment très différent. Mais je ne renonce pas et leur ai dit, que je leur proposerai encore d'autres textes de cette veine... |