Comparaison de 2 textes

(l'un extrait du texte de Samivel et l'autre du texte de François Mathieu)

 

On était à la Saint-Jean et Saint-Paul. Etait-il sept heures ? Etait-il midi, quand une espèce d’escogriffe, long, sec et rouge, avec un grand nez et des cheveux noirs, vêtu d’une tunique rouge, chaussé de souliers à la poulaine rouges et coiffé d’un chapeau rouge orné de trois grandes plumes de faisan rouge, fit son apparition sur la place du marché.
L’homme, qui n’était autre que le preneur de rats, sortit de sa besace une flûte d’acajou et se mit à jouer le plus bel air qui jamais ne fût et, peut-être, ne sera. Douceur et joie. Oiseaux et feuillages. Fleurs et parfums. Cascades et ruisselets. Sa musique était tout cela. Et beaucoup plus encore. Puis le flûteur fit un pas. Puis un autre. Et des réduits, des sous-sols, des caves, les enfants montèrent en longues files titubantes. Ils partaient comme ils étaient, pieds nus pour la plupart. Qui eût pu croire qu’il y en avait tant ? Des joufflus, des rieurs, des timides. Des blondinettes, des brunettes, de jolies petites rousses. Des espiègles, des moqueurs, des rêveurs. Des enfants battus, des enfants gâtés, des enfants aimés. Les enfants de tout le monde, et même la fille du maire.

Mais cette fois, le joueur de flûte prit un autre chemin, celui des forêts. Arrivé au pied d’une colline, comme au pied d’un obstacle, il redoubla soudain sa musique. La roche s’ouvrit. L’homme et les enfants béats de plaisir y entrèrent comme par la porte d’un palais. Puis la roche se referma sur eux.

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Ils le reconnurent tous, allez ! Ce visage maigre… Ces cheveux noirs… Il n’y avait pas à s’y tromper. Seulement, cette fois, il avait un beau chapeau rouge. Le joueur ne prêtait aucune attention à la foule. La tête un peu de côté, le regard vague, il semblait regarder au-delà des choses et des gens. Et tout à coup, sans crier gare, il sortit sa flûte et se mit à jouer.
Oh ! mes amis ! C’était maintenant une musique merveilleusement douce, et si joyeuse qu’elle donnait tout de suite envie de courir et de danser. Les notes fuyaient en cascades légères, des milliers d’oiseaux invisibles pépiaient et se poursuivaient dans le ciel… L’herbe d’été bruissait doucement sous la bise et les grillons faisaient retentir en cadence leurs cymbales et leurs claquettes… Puis chantaient des nuits légères toutes pailletées d’étoiles, de fées et de rondes d’elfes… Et les doigts du joueur deviennent eux-mêmes des elfes, et dansent, dansent, dansent, sur la flûte, de plus en plus rapides, et joyeux.
Et voilà que tous les petits enfants de Hamelin, même les bébés qui savent à peine marcher, filent comme du sable entre les doigts de leurs parents, accourent des quatre coins de la ville, forment une ronde immense autour du joueur, et tournent, tournent, tournent… Et il se met en marche comme l’autre fois… Et les gens terrifiés essayent de retenir les enfants, de courir, mais leurs pieds sont enracinés au sol par une puissante magie. Alors ils les appellent de toutes leurs forces… Hélas ! Mon Dieu ! Hans !… Gerda !… Kasper !… Mais la flûte joue toujours plus fort… Le joueur sort de la ville, il traverse la plaine, il monte sur le Mont Coppenberg… Il entre dans une caverne de la montagne… Tous les enfants entrent derrière lui et on ne les revit plus jamais !

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Qu'évoque la musique ?
Relever essentiellement les noms. Puis trouver un qualificatif pour la musique qui résumerait les images qu'elle fait naître en nous.

douceur et joie
oiseaux et feuillages
fleurs et parfums
cascades et ruisselets

milliers d'oiseaux
cascades légères
bruissement de l'herbe d'été
grillons
nuits légères
étoiles, fées, elfes

Qualificatifs trouvés par les élèves : musique légère, musique joyeuse, musique magique

 

Activité d'écriture :

En vous inspirant des deux textes précédents, trouver des images pour la première musique (celle qui était étrange, triste, sombre)

Les élèves ont trouvé les évocations suivantes : le grincement d'une porte d'un cimetière sous la pluie,
le hurlement d'un loup sur la colline, les taupes rentrent dans leur trou, musique triste comme un animal blessé, les étoiles disparaissent et la lune aussi, le vide nous envahit...

On peut aussi en profiter pour vérifier que la notion de préfixe a été comprise en leur faisant rechercher dans le second texte tous les mots qui contiennent un préfixe (leur faire entourer le préfixe) : revit/revoir, accourent/accourir, retenir, reconnurent/reconnaître, invisibles, ...

On peut aussi leur faire rechercher les adjectifs et en substituer d'autres : beau, rouge pour le chapeau, on substitue vert et pointu par exemple (cf la première visite du joueur de flûte), légères pour les cascades, on substitue étincelantes ou brillantes par exemple, douce et joyeuse pour la musique, on substitue gaie, enjouée par exemple, puissante pour la magie, on substitue terrible ou terrifiante par exemple, ...

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